mercredi 21 décembre 2011

Le CNL accorde à 2ème Round-Parcours une subvention pour "(...) la création d'une plateforme innovante de diffusion et de valorisation de livres (...)"
La suite courant janvier.

vendredi 2 décembre 2011

Marshall Mc Luhan


En 1976, Marshall Mc Luhan répondait à André Bercoff pour le magazine LUI. Dans son introduction, Bercoff présente Mc Luhan ainsi : "...l'homme qui a le premier théorisé la fin du règne de l'écriture et l'avènement de la civilisation audiovisuelle."
Le magazine WIRED, dans sa première mouture (avant d'être racheté par le groupe Condé Nast), le créditait dans l'ours du titre de "saint patron".
Après quelques recherches, je n'ai  trouvé de reprise de cet article. J'ai laissé les pub de l'époque ainsi que le bon d'abonnement à LUI !












mercredi 23 novembre 2011

1001libraires la suite (?)

Dans Télérama à paraître cette semaine, un article de Christine Ferniot revient sur le gâchis prévisible de 1001libraires. Une nouvelle direction tente de sauver les meubles et de relancer un projet qui verrait le jour au printemps prochain. Croisons les doigts.


la fnac vend des aspirateurs et des mugs

J'ai déjà évoqué ici et les changements qu'opère la Fnac depuis que le groupe PPR a décidé de concentrer ses activités sur le secteur du luxe, et donc de se débarrasser de sa branche distribution.
Les marchés des produits culturels (livre, disque, vidéo) qui ont fait la force et la réputation de l'enseigne pendant une quarantaine d'années étant dans l'état qu'on sait, la Fnac a d'abord mis l'accent sur les produits techniques, ordinateurs et appareils numériques en tout genre. On pouvait voir dans cette nouvelle stratégie une certaine logique. Mais penser que l'enseigne à la couleur moutarde allait un jour vendre des mugs et des aspirateurs, il y avait un pas que je n'osais pas franchir. Et bien la Fnac la franchit pour moi. C'est fait. Chers amis, la photo ci-dessous sort tout droit du catalogue de Noël inséré dans Télérama.


Au-delà de l'anecdote, ce n'est peut-être pas une si mauvaise nouvelle pour les libraires et les autres distributeurs qui peuvent voir ici une opportunité pour récupérer les orphelins de la Fnac "d'avant".

jeudi 6 octobre 2011

L'édition en 1970... et aujourd'hui.

Les grandes questions que se posaient les éditeurs en 1970. La question du rôle du libraire, de la critique et du marketing au centre.

mardi 13 septembre 2011

rentrée littéraire... encore et encore

Maintenant c'est le prix Décembre qui vient de communiquer sa première liste dans laquelle, sur huit romans, cinq sont déjà présents sur des listes d'autres prix. Concentration quand tu nous tiens...

la rentrée littéraire est bouclée (suite)

C'est la journée. C'est maintenant le Médicis et le Flore Wepler qui viennent de communiquer leur première liste. Dans celle du Médicis on retrouve quatre romans déjà présents chez Goncourt et/ou Renaudot. Aucun doublon chez Flore Wepler. Ça laisse de l'espace pour les autres.

la rentrée littéraire est bouclée

En fait, le travail de bénédictin auquel je m'étais attelé n'a plus d'intérêt depuis que les jurys des Goncourt et Renaudot ont respectivement publié leur première liste. Ce travail consistait à observer les romans qui, parmi les 650 annoncés, occupaient les premières places dans les médias pour vérifier si les mêmes occupaient les meilleurs emplacements sur les tables des libraires et enregistraient les meilleures ventes.
On s'apercevra qu'on retrouve sur ces listes les ouvrages (une quinzaine sur chacune) qui ont reçu le meilleur accueil (en nombre de chroniques), ouvrages qui trônent également parmi les meilleures ventes comme on le voit sur la photo que j'ai prise chez Mollat mercredi dernier.


Si on retire les ouvrages liés à la rentrée scolaire (Bescherelle et autres guides de langue ou titres qu'on devine prescrits ) des statistiques de ventes d'edistat ou de la fnac, on s'aperçoit qu'on retrouve les mêmes titres avec un peloton de tête composé du Limonov de Carrère, 1Q84 de Murakami, le Franzen, le Système Victoria de Reinhardt ou encore Les Souvenirs de David Foenkinos. Même chose chez les libraires.

ventes Datalib
Et les autres ? C'est sur le bouche à oreille qu'ils devront compter. Mais le marché du livre n'étant pas très vaillant, ils va falloir que libraires et éditeurs s'arment de patience.

jeudi 25 août 2011

rentrée littéraire, premiers résultats...


J'ai repris le travail de bénédictin auquel je mettais attelé deux années de suite, il y a trois ans, la pige des romans chroniqués dans une dizaine de titres de presse généraliste. Cette année, modernité oblige, j'ai ajouté dans mon tableau deux sites Internet, Fluctua et Rue89. J'ai choisi ces titres parce que ce sont ceux dont les critiques sont les plus suivies par les libraires.
Je m'étais enchaîné à cette galère pour connaitre plus précisément le nombre d'ouvrages qui parvenait à sortir du lot des centaines de romans qu'on annonce à chaque rentrée de septembre.
Est-ce qu'un titre qui occupe les devants de ces médias est automatiquement un best seller ? Non, mais on est sûr que ça ne fait pas de mal, et que le contraire (ne pas exister dans les médias) est malheureusement problématique et souvent sans appel.
Premier constat, si on ne peut pas parler, comme le fait Raphaël Sorin, de "vitrification", pour le moment il fait bon s'appeler Frenzen, Murakami, Carrère ou Reinhardt.
Quelques précisions; beaucoup de titres dans la colonne des Inrocks qui a sélectionné une quarantaine de romans dans son numéro du 17 août consacré en partie à la rentrée littéraire. Télérama publiera dans son numéro du 31 août la liste des 20 romans qu'ils défendront en partenariat avec France Culture. Les lignes en rouge n'ont d'autre signification que d'aider à la lecture en rompant la monotonie du jaune.
Je publierai une mise à jours chaque vendredi jusqu'au mois de novembre qui, comme chacun sait, est aux prix littéraires ce que le mois de juillet est au Tour de France.

mardi 23 août 2011

jean Marc Roberts a raison

Jean-Marc Roberts a raison quand il dit que les boutiques en ligne accélèrent la concentration des ventes de livres sur un petit nombre de titres. Ce sujet ne fait pas débat, les éditeurs et leurs diffuseurs ont cette réalité sous les yeux à chaque fois qu’ils consultent leurs chiffres de vente.

Jean-Marc Roberts a raison encore quand il dit que le seul endroit où un client trouve un choix réfléchi de titres - voire un choix surprenant - reste le magasin physique, et particulièrement les (bons) libraires. C’est simple à comprendre. Pour être le plus efficace possible, une plateforme qui propose des millions de références comme Amazon automatise la présentation de son offre à partir des données laissées par l’internaute. Ces données sont alors brassées par des algorithmes extrêmement puissants qui permettent de dire que « ceux qui ont consulté… ». Hormis les différents classements des meilleures ventes, tous les autres espaces font l’objet d’accords commerciaux.

Ceci étant, il n’est pas question ici de défendre une position absurde qui viserait à interdire de vendre des livres en ligne. Simplement, comme le disait Paul Virilio dans le film Penser la vitesse * : « Quand on invente l’avion, on invente les accidents d’avion». Idem pour Internet. Quand on invente la disponibilité instantanée des produits depuis un clavier, il faut penser aux effets négatifs – la concentration des ventes en est un et la désertification des lieux de vente en est un autre - et travailler pour en limiter les effets.

C’est ce travail de valorisation des catalogues sur Internet que les éditeurs devraient prendre à bras le corps. On peut penser que les plateformes aussi auraient beaucoup à gagner en développant des ventes additionnelles avec des titres autres que ceux mis en avant par tous les médias (je reviendrai très prochainement sur ce sujet) les mêmes qu’on retrouve également dans les catalogues des grandes chaînes de distribution aux mêmes moments. En fait, tout le monde aurait à gagner à ce que l’offre soit la plus large possible. Les libraires aussi.

* un film de Stéphane Paoli

lundi 22 août 2011

les libraires indépendants en campagne

La campagne de pub de soutien aux librairies indépendantes n'aura aucun effet sur la baisse de la fréquentation enregistrée depuis le début de l'année. Premièrement – c’est visible au premier coup d’œil - pour des raisons de réalisation, cette campagne étant aussi attrayante qu’une campagne pour la vaccination contre la grippe ou pour des semelles contre le mal de dos. Mais plus encore en raison de la teneur du message sans même parler ici de sa rédaction.


Je m’explique. Les libraires indépendants font face à une crise de fréquentation qui se soldera par un nombre important de fermetures dans les mois et les années à venir. J’ai plusieurs fois abordé ce sujet sur ce blog et les conclusions de l’étude La situation économique et financière des librairies indépendantes présentée par Xerfi aux Rencontres Nationales de la Librairie Indépendantes qui se sont tenues à Lyon, sont sans appel.

Dans un contexte aussi difficile, l’heure n’est donc plus aux messages institutionnels ou de sensibilisation mais aux propositions concrètes, aux dispositifs capables de ramener des clients dans les librairies. Comme si sur un champ de bataille, le commandement décidait de faire une campagne pour sensibiliser les fantassins contre les dangers du tétanos plutôt que de faire parler l’artillerie et déployer les hôpitaux de campagne.

Parler du conseil est une bonne piste (la seule en fait). Mais puisque nous entrons dans la période de la rentrée littéraire accompagnée de son cortège de 650 nouveaux romans, pourquoi ne pas en avoir profité pour mettre en avant des sélections surprenantes, inattendues, ou mélangeant des auteurs connus et à découvrir ? Pourquoi ne pas avoir mis à contribution les regroupements régionaux qui auraient pu localiser cette campagne en impliquant des libraires ? Et quid d’un site sur lequel les lecteurs auraient retrouvé ces sélections ?

Cette campagne semble être le résultat d’une prise de décision précipitée devant l’ampleur des dégâts constatés. Vite réalisée, vite mise en place mais vite oubliée.


ps : cette campagne a été hébergée plus ou moins gracieusement par les titres suivants : Le Point, L’Express, Le Nouvel Observateur, Télérama, Courrier International, le Journal du Dimanche, Le Monde, Le Figaro, Libération, Elle, Madame Figaro et Les Inrockuptibles

mercredi 13 juillet 2011

.2 pourquoi?

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En mars dernier, Point présentait au Salon du Livre .2 (point deux) sa nouvelle collection de poche (en fait, un demi poche une fois le livre fermé) sur papier genre Pléiade et lecture à l'italienne (le texte est imprimé sur la hauteur de la page). Deux des arguments étaient de proposer un confort de lecture adapté aux contraintes de la vie moderne (le manque de place dans les transports par exemple), et de renouveler l'objet livre à l'heure du numérique.


L'accueil fut poli mais beaucoup parièrent sur un bide. Les titres de la première vague ne semblent pas avoir rencontrés un grand succès (des présentoirs rapidement devenus invisibles dans de nombreux points de vente ou des piles sous une table chez Virgin au moment des vacances ne sont pas des signes de réussite), on peut donc se poser des questions quant au l'idée qui a amené Point à commercialiser ce nouveau format, cher qui plus est (entre 10 et 13€).
On peut aussi se demander s'il y avait urgence à investir massivement dans un nouveau format (achat de la licence exclusive pour la France, fabrication, marketing, communication...) à l'heure où les achats de livres chutent, que le nombre de lecteurs diminue, ou que l'offre numérique peine à s'étoffer. Réponse en fin d'année après la sortie de la deuxième vague (18 titres annoncés), mais le doute est dans la place...


Quand les usagers de bibliothèques empruntent des tablettes ...

161 personnes ont répondu au questionnaire du MOTif sur l'expérimentation menée en partenariat avec des bibliothèques rurales des Yvelines et du Val d’Oise.
Pas de surprise. Même si la qualification du panel ne permet pas de tirer des conclusions définitives, on voit 1/ que les lecteurs(trices) sont curieux(ses), 2/ qu'ils sont déjà gros lecteurs, 3/ que le livre numérique ne remplacera pas le livre papier mais peut devenir un support complémentaire.
À suivre.

mardi 12 juillet 2011

Tablette Google Story HD

Les nuages grossissent un peu plus au dessus de la tête des libraires après l'annonce faite par Google sur la sortie prochaine de sa liseuse (lire l'article du Figaro). Certes les États Unis ne sont pas la France, mais je crains que dans le cas de Google les choses se fassent rapidement. En revanche, à l'heure où Gallimard lance ses premières applications pour la jeunesse, je constate une fois de plus que les annonces se font sur le terrain des machines et pas de l'offre qui reste d'une pauvreté affligeante. En attendant on peut relire l'intervention de Josette Vial aux rencontres de la librairie.

mercredi 22 juin 2011

On sait que les marchés du livre aux États-Unis et en Angleterre sont très différents du marché français, particulièrement dans le secteur de la distribution. Il n'empêche que la vitesse du développement du livre numérique dans ces pays doit au moins interpeller les acteurs en France. Ci-dessous ma traduction d'un article en deux parties paru dans le Guardian de ce jour : The writting's on the wall.

The writing's on the wall

Les éditeurs et les agents tremblent. Tout comme les petits libraires à travers le pays et au-delà. Un inconnu du nom de John Locke vient de vendre son millionième exemplaire sur Amazon et tout ça sans avoir abattu un seul arbre.

Les livres de Locke – neuf romans et un guide – ont tous été publiés en format électronique téléchargeables sur Kindle (Amazon) et (les) autres tablettes compatibles. Il faut préciser que le prix des ses thrillers de la série Donovan Creed ne coûtent que 99cents. En revanche il en empoche un tiers – soit trois fois le montant perçu par un écrivain lié à un éditeur traditionnel. Seule une élite comptant neuf auteurs sur les dix du top des meilleures ventes, parmi lesquels James Patterson et Stieg Larsson ont vendu un million de e-books, mais ils ont tous bénéficié du soutien d’importants éditeurs.

Cette percée vient du fait que les auteurs sont seuls au control de leur travail. C’est un bien et un mal. Il n’y a pas et il n’y a jamais eu d’auteur qui n’a pas tiré profit des améliorations que peuvent lui apporter un agent ou un éditeur.

Le titre du best seller de John Locke est : "Comment j’ai vendu 1 million d’e-books en 5 mois ! ». Le sous titre : « sans agent, publicitaire et quasiment sans dépense marketing ! » Nul doute qu’un bon éditeur aurait supprimé ce point d’exclamation.

Self-published author joins Kindle's elite million-seller list

Son personnage le plus connu est un ancien assassin de la CIA, Donovan Creed « Un homme très dur avec une faiblesse pour les femmes faciles ». Lethal People, le premier roman de la série a été initialement publié en juillet 2009 en poche et en petite quantité par iUniverse, une société qui permet aux auteurs de publier à compte d’auteur. Par la suite il a été publié par Locke sous la forme d’un e-book en mars 2010. « Sauver Rachel », un roman de la même série a tenu le top des meilleures ventes des bestsellers de Kindle (Amazon) pendant trois semaines, rejoint dans le top 10 par trois autres e-books de Locke.

Locke, qui a monté sa propre compagnie d’assurance à Louisville dans le Kentucky, vient juste de publier son nouveau bestseller, un guide intitulé « Comment j’ai vendu 1 million d’e-books en 5 mois ! ». Il touche 25cents (US$) sur les 70c du prix de vente et publiera un huitième volume de la série des Creed à la fin du mois, suivi en juillet de son troisième western de la série Emmett & Gentry.

« C’est un club dans lequel il est difficile d’entrer », déclara l’auteur à son entrée au panthéon des plus gros vendeurs d’e-books aux côtés de Charlaine Harris (True Blood) et l’écrivain de polar Michael Connely.

Le succès du Kindle permet aux auteurs qui se sont fait connaître par le bouche à oreille, qui ne sont pas signés par un éditeur important ou qui ne bénéficient pas de campagne de marketing, de vendre plus que les auteurs à renommée mondiale. En mai, Amazon a annoncé que les ventes d’e-books sur Kindle ont maintenant dépassé les ventes de poche et grand format réunis.

Les ventes de livres numériques ont grimpé en flèche en Angleterre pour passer de 4 à 16M£ en 2010. Aujourd’hui, des écrivains indépendants qui proposent des livres à prix réduits, dans des genres populaires comme le thriller, peuvent connaître le succès grâce à un bouche oreille efficace.

Les quelques écrivains établis qui profitent habituellement de la promotion des grandes chaînes de distribution ne jouissent pas des mêmes privilèges sur la boutique Kindle. Sept des dix e-books les plus vendus sur Amazon coûtent moins d’1£, y compris une nouvelle de l’auteur aux millions de ventes, Karin Slaughter, vendue 49p.

Neill Denny, rédacteur en chef du The Bookseller déclare : « C’est un énorme succès de vendre un million d’exemplaires, mais quiconque achète un roman simplement parce qu’il est bon marché commet probablement une erreur fondamentale. Locke peut attirer de nouveaux lecteurs qui au final choisiront peut-être un roman de Stieg Larsson. »

Denny ajoute: « Si quantités de personnes commencent à acheter des bons livres à 20p chaque, ça peut inquiéter les éditeurs importants. Il faut noter que très peu de ces écrivains qui ont publié à compte d’auteur repoussent une offre d’un grand éditeur. »

Dernièrement, Amanda Hocking, la star des auteurs auto publiés âgée de 26 ans et originaire du Minnesota, a signé un contrat de 2M$ avec l’éditeur St Martin Press à New York pour écrire une série de quatre romans pour la jeunesse, traitant du paranormal.

vendredi 17 juin 2011

SFR et la Fnac

L’accord passé entre la Fnac et SFR pour la gestion des rayons téléphonie est un nouvel exemple du changement de positionnement de l’enseigne couleur moutarde.

Cet accord illustre bien la volonté des grandes marques de la distribution de sous traiter la gestion de gammes de produits spécifiques dans leurs boutiques à des partenaires choisis après appels d’offre. Aux distributeurs de générer le trafic, aux marques de l’exploiter au mieux.

Il est amusant de se rappeler qu’en 2007 c’est la Fnac qui avait passé un accord avec la marque U pour laquelle elle devait installer des sélections siglées Fnac mais adaptées à l’enseigne de grande distribution. Cette expérience a été abandonnée rapidement au profit de…Virgin, sans plus de succès. C’est aujourd’hui Carrefour qui s’est associé avec Virgin.

Cette tendance existe aussi sur Internet à l’exemple des boutiques dédiées qu’Amazon vend aux éditeurs sur son portail pour que ceux-ci présentent des sélections de leur choix (9/10 leurs meilleures ventes, ce qui accélère un peu plus la concentration des ventes autour des best sellers).

Si le changement de peau de la Fnac est maintenant acté (ce qui pour les produits éditoriaux se résume par : priorité aux produits à rotation rapide) reste à savoir si et comment ses concurrents historiques (libraires, disquaires) peuvent en tirer parti.

Des idées ?

vendredi 10 juin 2011

Grand Prix Livre Hebdo

"A l'heure où un tiers des Français reconnaît sans état d'âme ne pas avoir lu
un seul livre de l'année, où la lecture cède du terrain devant tous les autres loisirs, Livres Hebdo estime qu'il y a une vraie urgence à promouvoir les bibliothèques et leur rôle dans le rapprochement du public et du livre."

Suivez le lien pour vous inscrire

jeudi 9 juin 2011

Reconversion



Il y a quelques temps j’avais décrit ici le déclin à venir de la Fnac et de Virgin. L’annonce faite il y a quelques jours de l’accord signé entre les deux enseignes autour des magasins Virgin situés dans les gares et les aéroports (Virgin/Lagardère garde l’exploitation, la Fnac pose sa marque et s’occupe de la constitution de l’offre), pourrait laisser croire qu’il n’en est rien, que ces deux enseignes trouvent malgré les crises qu’elles traversent de nouvelles pistes de développement. À mes yeux il n’en est rien.

D’un côté, on sait depuis le début des années 2000 l’enseigne Virgin extrêmement fragile (magasins trop grands, trop chers, activité en baisse) en France comme dans le reste du monde (fermetures en Angleterre et aux Etats-Unis, sous location de surfaces dans certains magasins français). De l’autre, le groupe PPR propriétaire de la Fnac ne fait pas mystère de sa volonté de revendre l’agitateur culturel. La crise des supports conjugué au développement d’Amazon, d’iTunes, des Espaces Culturels Leclerc et le maintient d’un réseau de libraires dynamiques grâce à la loi sur le prix Lang de 1981 sur le prix unique du livre, n’ont fait que renforcer sa volonté d’aller vite dans ce domaine.

Si pour Virgin la messe est dite, la stratégie de la Fnac est intéressante en cela qu’elle donne l’image d’une enseigne en plein développement. C’est vrai si on se contente de compter les ouvertures. Mais si on y regarde d’un peu plus prêt, on s’aperçoit qu’elle le fait en changeant radicalement de positionnement.

La Fnac qui a construit sa réputation sur une offre multi produits large et profonde, faisait de la taille de ses magasins (des surfaces de vente suffisante pour présenter une offre qui imposait son image de spécialiste et creusait d’entrée l’écart avec la concurrence déjà en place) et de la qualité des emplacements (centres ville commerçants) les critères premiers de son implantation dans une ville. La politique d’amélioration des résultats financiers mise en place il y a une dizaine d’années à changé petit à petit la nature de l’offre en privilégiant les produits techniques à forte marge au détriment des produits éditoriaux (livre, disque…) consommateurs de place, de stocks et nécessitant des vendeurs spécialisés donc chers.

Cette nouvelle politique a banalisé son offre (recentrage sur les meilleures ventes, le 20/80) mais a permis à la Fnac d’ouvrir des petites surfaces dans des centre commerciaux ou en périphérie des villes, et de limiter ainsi le développement des Espaces Culturels Leclerc tout en étendant la notoriété de sa marque (jusqu’à la banalisation ?).

Reste encore et toujours la question de la valeur de l’ensemble, du prix revente et donc de la nature de l’acheteur potentiel. Dans le film The Social Network, Eduardo Saverin (âme damnée de Mark Zukerberg) demande à Sean Parker (Napster) s’il pense réellement avoir gagné contre les majors. Celui-ci lui répond : « Est-ce que tu investirais dans Tower Records ? » C’est la même chose avec la Fnac. Racheter pour quoi faire ? Un fond cherchera à améliorer la rentabilité de l’enseigne. Vu la santé des marchés des produits vendus dans les Fnac, cette amélioration passera par une réduction des coûts donc par la fermeture des magasins pas assez rentable. Un distributeur pourra lui être intéressé par l’emplacement et le bail de certains magasins. Toujours est-il qu’il en est bien fini du règne sans partage des grandes enseignes de distribution de produits culturels.

Si la place qu’occupe le commerce en ligne ne fait plus débat, la question qui se pose est donc celle du rôle que peuvent jouer les petites structures plus ou moins spécialisées et au-delà encore, celle de l’économie de l’aide au choix.


jeudi 19 mai 2011

Futur antérieur


À l'heure du digital triomphant, dans un jardin public derrière le Sacré Coeur, un jeune homme (moins de 20) écoutait Lou Reed sur un tourne disque à piles en lisant la bio de Gainsbourg de Gilles Verlant en livre de poche.

mercredi 18 mai 2011

Des marges oui, mais des clients avant tout.

Les Rencontres nationales de la librairie ont permis à l’observateur que je suis de constater que les menaces qui planent depuis plusieurs années sur la librairie indépendante se précisent.

La première menace est l'éclatement du bloc composé par l'ensemble des libraires indépendants tant l’écart est de plus en plus grand entre elles. Si les problèmes sont les mêmes pour tous (la baisse du nombre des grands lecteurs, la montée de la part du poche, du commerce en ligne, le livre numérique, les marges, les offices…), l’urgence des réponses à apporter n’est pas la même pour les libraires qui réalisent un CA de 5, 6, 8 M€ ou plus et ceux qui annoncent un CA inférieur à 200 000 €. C’est toute la différence entre ceux qui peuvent penser à moyen et long terme et les autres qui doivent se battre au jour le jour.

L’autre fossé qui se creuse est celui entre les éditeurs/diffuseurs/distributeurs et les libraires. Le développement du commerce électronique et celui du livre numérique met à jour la différence fondamentale d’intérêt qui les sépare ; les éditeurs vendront des livres et/ou des fichiers numériques à mesure que le commerce électronique et la lecture sur supports numériques se développeront, pendant que les libraires devront soulever des montagnes de subtilités pour ne pas perdre leurs clients qui glisseront tous les jours un peu plus vers le commerce électronique.

Au cours des discussions qui se sont tenues pendant ces deux jours, il a beaucoup été question des marges insuffisantes accordées par les distributeurs aux libraires et notamment aux plus petits d’entre eux.

Mais tout autant que cette rémunération indispensable, il est de la plus extrême importance de soutenir/relancer l’achat de livres EN LIBRAIRIE par des actions de communication puissantes, bâties autour d’offres concrètes qui mettent en valeur les points forts de la librairie. Ces opérations pourraient être régionalisées et financées par les différents organismes comme les DRAC, le SLF, voire le CNL. Les combinaisons entre médias sont suffisamment nombreuses pour construire des dispositifs puissants sans pour autant être hors de prix.

Des marges oui, mais des clients avant tout.

*Les deux tableaux ci-dessus sont tirés de l'étude La situation économique et financière des librairies indépendantes. Analyse sur la période 2003-2010 présentée par Xerfi et bientôt disponible sur le site des Rencontres


Rencontres nationales de la libraire

Discours de Frédéric Mitterrand en cloture des Rencontres nationales de la librairie, sur le site du ministère de la Culture.

mardi 17 mai 2011

La contrainte crée la qualité

Discours de Josette Vial, directrice de la librairie Compagnie, en introduction des Rencontres de la librairies indépendantes des 15 et 16 mai 2011 qui se sont tenues à l’ENS à Lyon.

1. La contrainte crée la qualité

Mon propos est donc de vous parler du qualitatif et de son évolution avec comme fil conducteur le fait que la contrainte crée de la qualité.

Chacun a sa définition de « la bonne librairie », grand public comme professionnel, or la qualité ne se décrète pas, elle se pratique au quotidien jusque dans les plus petites tâches et souvent se révèle au moment des crises.

Depuis 40 ans, chaque décennie a connu son lot d’évènements redoutables pour la librairie et, à chaque fois, le critère qualitatif s’en est retrouvé renforcé, ce dont je peux témoigner jusqu’à aujourd’hui.

Dans les années 70, le prix libre et l’ouverture de la Fnac[1] ont été vécus comme deux raz de marée dont plus personne n’a gardé le souvenir, sinon par ce qui en a découlé, à savoir la loi sur le prix unique, laquelle fut âprement défendue et votée dans le but de maintenir un réseau de librairies de création complément d’une édition indépendante assurés l’un et l’autre d’exercer ainsi leur travail de découvreur et de passeur.

En librairie, la qualité, parce qu’elle était une plus-value culturelle en terme d’image et qu ‘économiquement, elle avait un sens, a été adoptée par un certain nombre de librairie qui plaçaient la culture et la livre au cœur de leur métier. Il faut aussi rappeler qu’à l’époque faire de l’argent avec des livres, et donc du contenu culturel, ne tombait pas sous le sens pour tout le monde.

Il s’est donc mis en place pour beaucoup d’entre nous une définition du qualitatif qui, même si le principe en est resté inchangé, a dû s’adapter à la conjoncture, à la production, aux exigences des clients, à une diffusion/distribution aux pouvoirs croissants et aujourd’hui au développement tentaculaire d’internet.

Être libraire aujourd’hui, c’est s’inscrire dans cette histoire.

2. Les principes de qualité

Pour définir les critères de la qualité, de façon arbitraire, je retiens cinq principes :

a. Une somme de connaissance culturelles et techniques au service d’une pratique exigeante du métier.

b. La capacité à proposer une offre éditoriale choisie (et non subie) la plus large possible afin de constituer un assortiment selon les critères culturels mais aussi commerciaux : les livres de fond, les livres difficiles sont aussi faits pour être vendus.

Parallèlement, l’aptitude à répondre à la demande du public, plus concentrée en nombre de titres et se portant essentiellement sur les nouveautés et les prescriptions indispensables pour s’assurer une bonne trésorerie.

La Fnac, dans ses débuts, a adopté cet équilibre d’offre et de demande, dont progressivement elle s’est éloignée tout comme les librairies de chaînes ; en effet, se concentrer exclusivement sur la demande est bien sûr affaire de facilité et de rentabilité, laquelle permet de régler la question de la masse salariale et procure des dividendes ; c’est de cette façon que l’entreprise se substitue à la librairie.

c. Un personnel compétent avec toutes les qualités que cela induit : aimable, cultivé, dynamique, curieux…

Dans les années 70/80, l’Asfodel, institut de formation, avait l’ambition de former des libraires aux subtilités du métier (voir pour cela « le métier de libraire ») sans oublier de mettre l’accent sur la culture générale indispensable.

d. La gestion ,négligée jusque dans les années 80, s’associe à l’informatique pour permettre :

i. De suivre au plus près la demande et

ii. De pousser l’offre jusqu’à ce point d’équilibre qui n’entame pas la survie financière.

Gestion et informatique apparaissent comme les moyens d’accompagner en permanence la librairie dans sa démarche qualitative.

e. Un espace convivial et chaleureux ouvert au public, avec des vitrines sur la rue, une circulation aisée, des classements réfléchis et des tables bien organisées où les best-sellers ne sont pas seuls visibles.

3. Au fil des ans, de nouvelles contraintes ont surgi et de nouvelles adaptations ont accompagné le développement des librairies.

Dans les années 90

- L’informatisation a un effet pervers ; si utile pour gérer les stocks, créer des historiques de vente, analyser les rayons, aider à la mémoire du libraire dans la recherche, elle s’avère envahissante et dangereuse pour le qualitatif ; des stocks A/B/C/D proposés comme affaire de dosage et de pourcentage, ne se maintiennent plus que les stocks A et B (parfois C) seuls rentables.

Il faut donc réapprendre à gérer efficacement en ne laissant plus l’informatique décider et l’écran s’interposer entre le client et le libraire.

Changement notable, en définition pure, le fonds devient les ouvrages de plus d’un an au lieu de deux ans au préalable.

Lutter contre l’appauvrissement des fonds et la perte de mémoire prend alors différentes formes : revalorisation du rôle de vendeur (et de l’acte de vente) par le renseignement et le conseil, constitution de thématiques, diffusion de catalogues bibliographiques, campagnes diverses permettant aux titres à rotation lente d’exister même ponctuellement dans les librairies. Comme on ne peut pas tout avoir dans les petites et moyennes structures, la commande client devient une pratique que l’on développe. Le fond n’a pas qu’une présence physique ; il est aussi dans la mémoire du libraire et dans sa capacité à proposer des ouvrages qu’il n’a pas en stock.

Tous les aspects du métier se professionnalisent et se théorisent y compris le qualitatif ; le droit à l’erreur n’est plus possible.

- Une autre contrainte apparaît dans cette décennie 90 : le développement des poches ; plus de volumes, moins de CA, plus de manutention, moins de temps à consacrer aux clients.

Les présentoirs de collections envahissent les librairies et les pochothèques éclatent.

À cela, la réponse, non évidente à l’époque, fut l’interclassement contre lequel se sont battus les éditeurs de poche. Or, en fermant les pochothèques, on rétablissait une politique de rayons et d’auteurs ; en mélangeant les formats et en restructurant les rayons, la librairie se donnait ainsi une image plus dynamique, alliant commerce et cultures, et relançait une vraie politique de fond.

- Toujours dans les années 90, L’espace Librairie devient essentiel pour l’accueil. Travaux, embellissements, design, réflexions sur la circulation et les implantations (la caisse comme les rayons)… parfois, lieux de repos, cafés et surtout salles de débats font leur apparition.

La librairie veut s’ouvrir au grand public et arrêter de lui faire peur.

Dans les années 2000, les contraintes ne disparaissent pas, bien au contraire, surtout avec la hausse des charges des deux postes incontournables que sont les loyers et les salaires.

- Les 35 heures n’améliorent pas la masse salariale et la baisse du temps de travail qui en découle modifient les relations entre les vendeurs moins présents et leurs clients. La formation sur le tas et la communication dans les équipes deviennent compliquées ; on est donc obligé de redéfinir les tâches.

La multiplication des présentoirs, des arrêts de piles, des livres de comptoirs, des têtes de gondole s’accélère avec le développement des hyper et des super. Le livre marchandise envahit tout. La hausse de la production éditoriale s’amplifie.

Tous ces éléments cumulés remettent en question à nouveau la notion de qualitatif en librairie. Comment maîtriser les flux qui laissent trop de place aux ouvrages de masse au détriment d’une édition de qualité et créative ? C’est aussi l’époque où le livre objet apparaît en couplage avec les journaux.

- Dans ce brouillard, l’office devient un enjeu : les librairies de premier niveau sont à peu près respectées dans leurs choix, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour les libraires de deuxième niveau.

Le savoir-faire du libraire consiste donc à trier, choisir, réassorti, retourner et renouveler ses assortiments, mais aussi prendre des risques sur des livres difficiles.

L’office qui accompagne la loi sur le prix unique, est indissociable du droit de retour ; initialement, il a pour but de soutenir les livres de création. Or chaque année, la liste des nouveautés à travailler est de plus en plus longue. C’est pourquoi, à l’obligation du contrat de la grille d’office, la librairie à d’abord bataillé pour défendre l’office à façon avec le passage du représentant pour moduler les quantités. Ensuite, deuxième combat avec le zéro qualitatif, qui fait du zéro une quantité.

Enfin, dernier aménagement, c’est la cas à Compagnie, refuser la présentation des nouveautés titre à titre et préparer le travail en amont, effectué sur argumentaire par chaque rayon. Ainsi, toute l’équipe participe et se réapproprie le choix des livres qui entrent dans la librairie. Le représentant lors de son passage a, normalement, plus de temps pour parler des livres plus difficiles, premiers romans, essais, etc.

Le résultat est que nous pratiquons toujours l’office ; l’information est pour tout le monde, les nouveautés sont immédiatement référencées avec la quantité commandée et la date de parution, ce qui évite les fourchettes et permet une information sur les à paraître.

De fait, nous recevons moins de livres, nous produisons moins de retour et, pour nous, la qualité consiste à contrôler ses flux. Savoir dire non devient une nécessité vitale et là encore un critère de qualité.

- L’autre problème majeur de cette décennie est celui de l’indépendance, des librairies comme des éditeurs.

La concentration a pour conséquence plus financière de ces métiers.

En tant que libraire, comment discuter avec des commerciaux qui sont dans l’obligation d’appliquer une politique de groupe sans nuance ? Comment se faire comprendre lorsqu’on ne parle pas le même langage, pour faire accepter la primauté du qualitatif sur le quantitatif ? La logique purement financière des grands groupes aujourd’hui a fermé la porte aux logiques autres que celles des gains de production.

- En conséquence, la technocratie, le marketing comme fin en soi, le souci de la culture de masse ont gagné tous les esprits. Afficher sa différence signifie être « has been ». Le combat est donc quotidien pour résister à l’uniformisation qui caractérise un grand pan de la production, et en tirer fierté.

Les années 2010 ont vu, hélas, s’accroître concentration et mondialisation.

- La logistique devient partout la première des préoccupations : réduire les coûts, réduire les stocks, réduire le personnel, réduire les remises et réduire les salaires,

- le virtuel, la vente en ligne avec des hangars remplaçant les commerces ouverts au public,

- le numérique avec la fi annoncée du livre papier…

- accompagnent la logique d’entreprise avec le risque qu’elle ne s’installe durablement et qu’elle ne se substitue à celle de la librairie.

Ajoutons pour finir le changement de comportement de la clientèle : les consommateurs remplacent les lecteurs. S’y ajoute une perte d’appétence pour un certain type d’ouvrages à lecture lente et difficile. À force de livres médiocres, certains se sont détournés de la lecture. Les gros lecteurs tendent à disparaîtrent en même temps que le principe de la bibliothèque personnelle, source de savoir, n’est plus de mode.

4. Après tous ces constats plus que sombres, la question est donc de savoir si le qualitatif a un avenir ?

Avant de répondre je poserai trois préalables :

- Que l’édition continue de publier de vrais textes

- Ensuite que la diffusion s’active et prenne ses responsabilités : des échéances pour un certain type de nouveautés, des contrats de partenariat sur le fond nous sont proposés… en réalité tout ceci est fait sans suivi, sans intérêt puisque, par exemple, nous n’avons même plus de catalogues ou bons de commandes pour travailler le fonds :

- Enfin que la librairie développe un discours construit ; certains nous disent qu’il faut supprimer l’office, d’autres les retours, d’autres que le fonds englobe maintenant les livres de plus de trois mois.

L’impression de tout ce bric-à-brac, c’est l’incohérence et surtout le sentiment profond d’incertitude et d’une perte de maîtrise du lendemain. Nous sommes tous face à l’inconnu ; qui peut savoir ? Et puisque nul ne peut affirmer détenir la vérité, que nul ne peut prédire la fin de l’imprimé, je m’autorise à terminer sur un note optimiste.

Si je prends les deux aspects de la vente que sont l’offre et la demande, il n’est interdit de penser que, si la demande va se porter sur la vente en ligne (papier ou numérique) - et après tout, pourquoi se déplacer quand on sait ce qu’on veut ? – en revanche, comme dans les années 70/80, l’offre, c’est à dire la proposition différenciée du libraire peut avoir de l’avenir.

En effet il est possible :

- Que tout le monde ne succombe pas à Internet

- Que certains, sans doute, en reviendront

- Et surtout que le besoin de conseil, de parler, de communiquer resteront une nécessité pour beaucoup.

Dans le cas précis de l’offre, le libraire de proximité et de qualité pourra continuer à exercer son activité, faite de compétence, de savoir-faire, de culture, de tout ce qui fait encore aujourd’hui sa réputation, son prestige et sa notoriété. Les sites de librairie pourront aussi prolonger cette image qualitative. Comme pour la librairie physique, leur contenu n’aura rien à gagner du nivellement par le bas.

On constate aussi que le public se déplace en nombre lors des animations et rencontres… ce besoin de partager ne va pas disparaître et ne se contera pas des blogs et autres réseaux sociaux.

Pour l’heure, le livre papier n’est pas à l’agonie ; ne nous hâtons pas d’en prédire la mort. Je propose de retrouver quelques basiques qui sont sans doute à revisiter et réactualiser ; à chacun ensuite de faire de la contrainte un levier pour inventer des solutions.

En conclusion, les qualités du libraires :

- Dans sa ténacité face à l’exigence,

- Dans son humilité face à sa propre culture,

- Dans sa capacité à hiérarchiser les contenus,

- Dans sa passion et surtout son plaisir à exercer ce métier, étrange alchimie entre commerce et culture,

… me semblent sa chance et son atout pour demain.



[1] L’enseigne est créée en 1954, mais ouvre ses premiers rayons livre en 1974

samedi 14 mai 2011

Les libraires...

Je réagis à l’article paru jeudi dernier dans Le Monde sous la plume d’Alain Beuve-Merry. Il faut comprendre plusieurs choses ; 1/ les libraires ne forment pas un grand tout vertueux, mais composent un tissu économique dans lequel il y a des très bons et des très mauvais. 15 000 points de vente dans lesquels on peut acheter des livres c’est énorme. Ce maillage est vertueux, mais il ne faut donc pas s’étonner que dans une période économiquement tendue certains ferment boutique. 2/ Que Leclerc cherche à occuper la place que la Fnac occupait jadis mais qu’elle délaisse depuis plusieurs années pour concentrer sa stratégie sur les produits techniques est plutôt une bonne nouvelle pour les éditeurs. 3/ Le rôle des éditeurs et des diffuseurs va être déterminant. Pour mémoire il faut se rappeler qu’en ne donnant pas les conditions commerciales nécessaires à leur maintien, les éditeurs de musique ont laissé les disquaires indépendants disparaître du paysage. Ceux-ci sont passés de +/- 3000 à la fin des années 70 à moins de 200 aujourd’hui. 4/ C’est la loi sur le prix unique du livre qui a permis aux libraires de ne pas se faire écraser par la concurrence des grands distributeurs, mais cette loi ne change rien aux commodités qu’offrent certaines plateformes de commerce en ligne et au fait que le commerce en ligne attire de plus en plus de clients. 5/ Le portail 1001libraires.com arrive trop tard et n’offre pas de véritables innovations susceptibles de détourner les consommateurs des habitudes qui sont les leurs sur Internet. C’est donc d’abord dans le monde physique que les libraires doivent expliquer ce qu’ils sont, ce qu’ils font, comment ils le font. Pour le dire haut et fort il faut qu’ils parlent d’une même voix, et on met là le doigt sur un problème épineux.

lundi 9 mai 2011

Suite au résumé de l’étude de Yahoo ! Research, ci-dessous le deuxième chapitre qui offre un grand nombre de travaux en référence dont quelque-uns contredisent la théorie de Chris Anderson.


Travaux & publications en référence.

Le concept de la Longue Traîne a été mis en lumière par Chris Anderson pour décrire le comportement des acheteurs de produits de niche à l'ère des marchands à "l'offre infinie". Anderson montre en particulier que les revenus générés par les ventes de produits introuvables dans les magasins physiques traditionnels sont substantiels, et de conclure par la formule : "Le futur du business est de vendre moins de plus". L'économie des marchés de la Longue Traîne a ensuite été analysée par E. Brynjolfsson associé à une équipe de chercheurs qui en ont tiré un cadre théorique détaillé. Ils ont pris en compte les facteurs qui sont à l'origine de l'augmentation des parts de marché des produits de niche aussi bien du côté des distributeurs (les faibles coûts de stockage et de distribution) que de celui des clients (recommandation et moteur de recherche). A l'opposé, Anita Elberse et Felix Oberholzer-Gee, suggèrent que les effets de la Longue Traîne sont surévalués. Ils notent que le nombre de DVD différents dans le classement des 10% des meilleures ventes hebdomadaires chute de 50% entre 2000 et 2005, ils en concluent que, le temps passant, l’importance des best sellers est en augmentation et non en diminution. Enfin, Tom F. Tan et Serguei Netessine après avoir constaté une augmentation des produits disponibles, concluent également que la demande de hits est en augmentation.

En complément de ces travaux, qui prennent exclusivement en compte les volumes de vente de la Longue Traîne, nous avons pris en compte la satisfaction des clients et les résultats des secondes commandes (générées grâce aux possibilités de la Longue Traîne). En se concentrant sur les clients nous réfutons largement la théorie qui dit que les produits de niche n’intéressent qu’une minorité de clients. Cette différence de point de vue trouve ses racines dans ce que Levine décrit comme « l’émergence d’une hiérarchie culturelle » dans l’Amérique du début du vingtième siècle qui distinguait d’un côté les loisirs peu intellectuels et de l’autre les loisirs hautement intellectuels. En étudiant particulièrement les gens au statut social élevé, Peterson suggèrent qu’une « transformation du snob-cultureux en omnivore culturel » est entrain de s’opérer. Bien que nous ne nous soyons pas explicitement consacrés à l’étude des statuts sociaux des consommateurs, nos résultats s’accordent assez bien avec cette notion d’omnivore culturel.

Nous partageons certaines des conclusions de l’article d’Elberse dans Harvard Business Review. Notamment quand elle pose le principe que « un grand nombre de consommateurs choisissent occasionnellement des produits plus obscurs de niche », et aussi que des « consommateurs curieux ont une grande aptitude à s’aventurer dans les contenus de la Longue Traîne ». Nous produisons un grand nombre d’éléments qui supportent ces principes, et nous analysons précisément leurs conséquences sur les différentes stratégies de business. Elberse va plus loin et avance l’hypothèse que les consommateurs préfèrent les films populaires aux films plus obscurs et invite les distributeurs « à résister à la tentation de diriger les consommateurs sur la Longue Traîne ». Alors que nous observons - d’accord en cela avec Elberse – que les films populaires rencontrent le plus de succès, le contraire se révèle être vrai dans la musique : sur Yahoo ! Music, les morceaux les moins connus sont les mieux classés. Par ailleurs, même dans le cas des films on trouve que les usagers d’un certain type accordent une grande importance à une offre très large.