jeudi 25 août 2011

rentrée littéraire, premiers résultats...


J'ai repris le travail de bénédictin auquel je mettais attelé deux années de suite, il y a trois ans, la pige des romans chroniqués dans une dizaine de titres de presse généraliste. Cette année, modernité oblige, j'ai ajouté dans mon tableau deux sites Internet, Fluctua et Rue89. J'ai choisi ces titres parce que ce sont ceux dont les critiques sont les plus suivies par les libraires.
Je m'étais enchaîné à cette galère pour connaitre plus précisément le nombre d'ouvrages qui parvenait à sortir du lot des centaines de romans qu'on annonce à chaque rentrée de septembre.
Est-ce qu'un titre qui occupe les devants de ces médias est automatiquement un best seller ? Non, mais on est sûr que ça ne fait pas de mal, et que le contraire (ne pas exister dans les médias) est malheureusement problématique et souvent sans appel.
Premier constat, si on ne peut pas parler, comme le fait Raphaël Sorin, de "vitrification", pour le moment il fait bon s'appeler Frenzen, Murakami, Carrère ou Reinhardt.
Quelques précisions; beaucoup de titres dans la colonne des Inrocks qui a sélectionné une quarantaine de romans dans son numéro du 17 août consacré en partie à la rentrée littéraire. Télérama publiera dans son numéro du 31 août la liste des 20 romans qu'ils défendront en partenariat avec France Culture. Les lignes en rouge n'ont d'autre signification que d'aider à la lecture en rompant la monotonie du jaune.
Je publierai une mise à jours chaque vendredi jusqu'au mois de novembre qui, comme chacun sait, est aux prix littéraires ce que le mois de juillet est au Tour de France.

mardi 23 août 2011

jean Marc Roberts a raison

Jean-Marc Roberts a raison quand il dit que les boutiques en ligne accélèrent la concentration des ventes de livres sur un petit nombre de titres. Ce sujet ne fait pas débat, les éditeurs et leurs diffuseurs ont cette réalité sous les yeux à chaque fois qu’ils consultent leurs chiffres de vente.

Jean-Marc Roberts a raison encore quand il dit que le seul endroit où un client trouve un choix réfléchi de titres - voire un choix surprenant - reste le magasin physique, et particulièrement les (bons) libraires. C’est simple à comprendre. Pour être le plus efficace possible, une plateforme qui propose des millions de références comme Amazon automatise la présentation de son offre à partir des données laissées par l’internaute. Ces données sont alors brassées par des algorithmes extrêmement puissants qui permettent de dire que « ceux qui ont consulté… ». Hormis les différents classements des meilleures ventes, tous les autres espaces font l’objet d’accords commerciaux.

Ceci étant, il n’est pas question ici de défendre une position absurde qui viserait à interdire de vendre des livres en ligne. Simplement, comme le disait Paul Virilio dans le film Penser la vitesse * : « Quand on invente l’avion, on invente les accidents d’avion». Idem pour Internet. Quand on invente la disponibilité instantanée des produits depuis un clavier, il faut penser aux effets négatifs – la concentration des ventes en est un et la désertification des lieux de vente en est un autre - et travailler pour en limiter les effets.

C’est ce travail de valorisation des catalogues sur Internet que les éditeurs devraient prendre à bras le corps. On peut penser que les plateformes aussi auraient beaucoup à gagner en développant des ventes additionnelles avec des titres autres que ceux mis en avant par tous les médias (je reviendrai très prochainement sur ce sujet) les mêmes qu’on retrouve également dans les catalogues des grandes chaînes de distribution aux mêmes moments. En fait, tout le monde aurait à gagner à ce que l’offre soit la plus large possible. Les libraires aussi.

* un film de Stéphane Paoli

lundi 22 août 2011

les libraires indépendants en campagne

La campagne de pub de soutien aux librairies indépendantes n'aura aucun effet sur la baisse de la fréquentation enregistrée depuis le début de l'année. Premièrement – c’est visible au premier coup d’œil - pour des raisons de réalisation, cette campagne étant aussi attrayante qu’une campagne pour la vaccination contre la grippe ou pour des semelles contre le mal de dos. Mais plus encore en raison de la teneur du message sans même parler ici de sa rédaction.


Je m’explique. Les libraires indépendants font face à une crise de fréquentation qui se soldera par un nombre important de fermetures dans les mois et les années à venir. J’ai plusieurs fois abordé ce sujet sur ce blog et les conclusions de l’étude La situation économique et financière des librairies indépendantes présentée par Xerfi aux Rencontres Nationales de la Librairie Indépendantes qui se sont tenues à Lyon, sont sans appel.

Dans un contexte aussi difficile, l’heure n’est donc plus aux messages institutionnels ou de sensibilisation mais aux propositions concrètes, aux dispositifs capables de ramener des clients dans les librairies. Comme si sur un champ de bataille, le commandement décidait de faire une campagne pour sensibiliser les fantassins contre les dangers du tétanos plutôt que de faire parler l’artillerie et déployer les hôpitaux de campagne.

Parler du conseil est une bonne piste (la seule en fait). Mais puisque nous entrons dans la période de la rentrée littéraire accompagnée de son cortège de 650 nouveaux romans, pourquoi ne pas en avoir profité pour mettre en avant des sélections surprenantes, inattendues, ou mélangeant des auteurs connus et à découvrir ? Pourquoi ne pas avoir mis à contribution les regroupements régionaux qui auraient pu localiser cette campagne en impliquant des libraires ? Et quid d’un site sur lequel les lecteurs auraient retrouvé ces sélections ?

Cette campagne semble être le résultat d’une prise de décision précipitée devant l’ampleur des dégâts constatés. Vite réalisée, vite mise en place mais vite oubliée.


ps : cette campagne a été hébergée plus ou moins gracieusement par les titres suivants : Le Point, L’Express, Le Nouvel Observateur, Télérama, Courrier International, le Journal du Dimanche, Le Monde, Le Figaro, Libération, Elle, Madame Figaro et Les Inrockuptibles