mercredi 2 juin 2010

L'iPad n'est pas une révolution


À l'heure des hypothèses en tout genre sur la capacité des diffuseurs/plateformes numériques à convertir X milliers/millions de personnes à la lecture sur tablette, et à celle des éditeurs à trouver des modèles économiques rentables sans détruire le circuit des libraires indépendants, je commencerais par revenir sur quelques chiffres concernant la lecture et l'achat de livres en France.

- 1 Français sur 2 n'achète jamais de livre, et 11% seulement en achètent plus d'un par mois. (Population de 15 ans et plus, soit +/- 52 millions de personnes)

- 70% des français (15 ans et +) ont lu au moins 1 livre au cours des 12 derniers mois, ils étaient 79% en 2005. 14% ont lu entre 10 et 19 livres, ils étaient 25% à en avoir lu entre 15 et 24 en 2005 (même en changeant la fourchette le résultat est écrasant).

- Sur les 634 000 titres différents vendus en 2009, les ventes des 10 000 premiers (1,5%) pèsent 50,4% du CA total…

- Les trente premiers titres totalisent 10 000 000 d'exemplaires vendus.

- En 2008, le livre de poche représente 28,6% des titres vendus et 14,9% du chiffre d'affaires des éditeurs.

- Les ventes sur les librairies en ligne atteignent 10% et Amazon est devenu le premier client chez de nombreux éditeurs, la librairie américaine ayant chez certains fait des progressions de plus de 50% d'une année sur l'autre.

En résumé ;

- De moins en moins de gens achètent plus d'un livre par mois

- De moins en moins de gens lisent des livres

- Les ventes se concentrent de plus en plus sur un petit nombre de titres très médiatisés.

- Le livre de poche (prix) attire tous les ans plus de lecteurs.

- Les libraires sont très exposés (les librairies de 2ème niveau on reculé dans tous les segments de marché sur le premier trimestre 2010)

Dans ce contexte, penser qu'un appareil moyennement conçu pour la lecture longue (rétro éclairage, pas de gestion des coupures de mots, applications diverses et variées), vendu à +/- 500€, et qui ne permet l'accès qu'à une poignée d'ouvrages va révolutionner le marché du livre et la pratique de la lecture me paraît quelque peut hors de sujet.

Si donc urgence il y a, c'est comme le rappelle Christine Ferrand dans son éditorial de Livres Hebdo du 21 mai : "Il est urgent de se mobiliser pour relancer la lecture et faire revenir nos concitoyens dans les librairies et les bibliothèques."

En y réfléchissant, je pense qu'il faut penser le problème en le séparant en deux sujets. Le premier est celui de l'offre, le deuxième celui des canaux de distribution.

La question de la définition du livre numérique est fondamentale, en France au moins. Qu'est-ce qu'un livre numérique ? Un livre papier numérisé ou un texte augmenté de e-contenus ? Cette question est centrale puisqu'elle appellera automatiquement la question du prix de vente et celle du taux de TVA qui sera appliqué. Rappelons que la TVA du livre est à 5,5% celle des logiciels, DVD, CD de 19,6%.

Cette agitation autour de ces histoires de tablettes permet néanmoins de remettre en avant la question de la lecture, du livre, du livre numérique et d'essayer d'envisager les premières conséquences de l'arrivée de celui-ci sur le marché français.

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