lundi 27 septembre 2010

Les hommes en gris /3


"Qu'est-ce que c'est l'cadastre ?"

Pour dissiper les fausses croyances et balayer les approximations tout en paraphrasant Gabin dans La Grande Illusion, il faut commencer par répondre à la question ; qu'est-ce que c'est le marketing ? Pour faire simple, il s'agit d'un ensemble de techniques qui permet de présenter au mieux ses produits sur le marché auquel ils sont destinés en prenant en compte quatre grands paramètres ; 1/ le produit 2/ sa promotion 3/ sa distribution 4/ son prix. Rien de scandaleux ni d'infamant. Bien vendre les livres de ses auteurs est le but de tout éditeur. Dans quelles quantités ? On peut penser que, sauf démarche philanthropique, équilibrer ses comptes reste le premier palier à atteindre. Après, tout dépend de la nature et des attentes des actionnaires. On y reviendra.

1/ Le produit. Le mot qui fâche est lâché. Pour beaucoup le terme produit pour désigner un livre choque encore. Il est pris ici dans le sens neutre d'un objet/service mis sur un marché. Mais là n'est pas le plus important. Ce qui l'est en revanche, c'est la nature du texte que l'éditeur va choisir de transformer en livre/produit. Avant cela, il faut comprendre que, contrairement aux secteurs industriels qui s'appuient essentiellement sur des études de marché avant de lancer la production de nouveaux produits/services, les éditeurs choisissent les œuvres/auteurs sur des critères essentiellement subjectifs. Certains choisissent de publier des textes d'auteurs inconnus directement en poche, d'autres de rééditer en grand format des textes déjà publiés. Certains vont se lancer dans une surenchère pour publier le nouveau roman d'un auteur à succès, d'autres encore vont choisir celui d'un auteur qui "n'a jamais rencontré son public". Certains sont généralistes, d'autres au contraire sont spécialisés dans la poésie, le polar, les ouvrages historiques… Pourquoi Actes Sud, éditeur généraliste au catalogue prestigieux, a décidé de lancer une collection de polars trente ans après sa création en 1978 ? Pourquoi en 2008 le Seuil décide de faire un pont d'or à Christine Angot alors publiée chez Flammarion ? Pourquoi Gide, éditeur chez Gallimard, refuse de publier Proust (« trop de duchesses ») ? Pourquoi François Guérif, fondateur de Rivages engage en 1986 l'avenir de sa collection sur un auteur inconnu (James Ellroy) refusé par tous les éditeurs de polars de la place de Paris ? Il y a autant de réponses qu'il y a de questions, et autant d'envies (littéraires et/ou de faire un coup) différentes qu'il y a d'éditeurs.

Bien sûr, même s'il n'y a pas d'étude sur les attentes du/des public/s (on n'attend pas ce qu'on ne connaît pas), un éditeur peut être tenté de "surfer" sur la vague du succès du moment mais, même avec le meilleur des flaires, cet exercice est particulièrement périlleux et les flops peuvent être aussi spectaculaires que douloureux.


À venir, Les hommes en gris /4

Jean Gabin La grande illusion, Jean Renoir

Librairie à Old Delhi, photo Gilles Lanier

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