samedi 25 septembre 2010

Les hommes en gris /1


La faute aux hommes en gris

Dans ses éditoriaux consacrés au monde de l'édition, Jérôme Garcin déplore souvent l'emprise de plus en plus grande des gens du marketing pour regretter un temps où les choses de l'argent ne l'emportaient pas sur celles de la littérature. Dans sa rubrique Tendance publiée le 21 juillet 2005, il écrivait déjà : "Il fut un temps où les éditeurs proclamaient qu'ils allaient publier à la rentrée de beaux livres. Maintenant, ils annoncent qu'ils font de gros tirages." Il bouclait cette chronique par ce constat sans appel : "L'édition est passée de la politique des auteurs à la stratégie des piles. C'est vraiment une industrie."

La même année, dans un hommage qu'il rendait à Bernard Wallet le fondateur des éditions Verticales, il citait ce dernier qui avait déclaré dans une interview : "La logique financière prend dangereusement le pas sur l'exigence littéraire." Presque logiquement, dans le numéro de l'Obs du 2 septembre dernier, Jérôme Garcin repartait au combat en revenant sur la tristesse d'Isabelle Desesquelles à l'occasion de la parution de son nouveau roman "Fahrenheit 2010". Dans ce texte publié chez Stock, cette ex-libraire parle des méthodes du groupe qui a racheté la librairie dans laquelle elle travaillait pour la transformer en boutique de "fast selling", privilégiant les succès rapides et les pratiques hérités de la grande distribution au détriment des ouvrages plus difficiles et aux conseils que des libraires passionnés sont capables de prodiguer à une clientèle exigeante. (Voir également la chronique de Pierre Assouline.)

Si la défense de la littérature face à la menace d'une standardisation de l'offre est une cause qui mérite qu'on s'y emploie, il me semble qu'il serait plus utile de regarder le tableau avec un peu de recul plutôt que de se jeter sur le (présumé) coupable le plus voyant.

À suivre très prochainement.

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