samedi 25 septembre 2010

Les hommes en gris /2

Oui mais…

Premièrement, les rapports littérature/argent ne sont pas nouveaux et non pas toujours été considérés comme posant des problèmes. Les livres sont publiés pour être vendus ce qui permet, à la base, aux auteurs d'être payés et aux éditeurs d'encaisser des revenus qu'ils sont libres de réinvestir dans le développement d'un catalogue s'ils le souhaitent. Idem en ce qui concerne "les choses du marketing" dont on trouve des traces (et quelles traces !) dès le début du XXème sous la conduite de Bernard Grasset, figure littéraire s'il en est, qui fut le premier à enoyer ses livres aux journalistes et à utiliser la presse et le cinéma pour y faire de la publicité, méthodes révolutionnaires à l'époque et déjà vilipendées par ses pairs.

De même, il ne viendrait à plus personne de revenir sur la grande idée marketing de la moitié du vingtième siècle, le lancement par Henri Filipacchi du livre de poche en 1953, format qui a permis le développement de la lecture auprès du plus grand nombre, et aux éditeurs d'en tirer des revenus substantiels. Et pourtant… Même Jérôme Lindon, fondateur des éditions de Minuit, grand artisan de la loi sur le prix unique et de la mise en place de l'ADELC, véritable statue du Commandeur du milieu de l'édition, a résisté (avant que de créer sa propre collection en 1980) à ce qu'il prenait pour : "une dépréciation de l’objet livre et par là-même une dévalorisation de la littérature." mais qui, aujourd'hui encore, permet à beaucoup d'éditeurs de tirer des profits qu'ils peuvent réinvestir dans le soutien de leurs auteurs, ou qui leur permet tout simplement de garder la tête hors de l'eau en attendant des jours meilleurs. Rappelons qu'en 2008 les poches représentaient 28,6% du nombre de livres vendus.

Deux exemples pour illustrer l'importance qu'a pris ce format dans l'économie d'un éditeur : Actes Sud, via sa filiale Babel, vient de mettre plus de 350 000 exemplaires (x10 €) du premier tome de la trilogie Millénium dans le commerce après avoir vendus près de 4 millions des trois tomes de la série en grand format… De son côté, Payot-Rivages a vendu plus de 150 000 exemplaires du roman Shutter Island en six mois, pour atteindre un cumul de 300 000 exemplaires (x8€) depuis sa sortie en poche.

À suivre...

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